La question de l'estime de soi est essentielle, et légitime. Nous en avons, tous et toutes, besoin pour nous sentir bien dans nos baskets, profiter des heureux moments de notre vie, s'en créer, et faire face aux difficultés.
Pour comprendre à quoi correspond l’estime de soi, on peut se la représenter comme
étant à la fois (1) :
Ce que je pense de moi
Comment je me sens avec ces pensées
Ce que je fais de ma vie avec tout ça
S'estimer c'est donc avoir une opinion sur soi.
Autrement dit, c'est une façon de se percevoir, une idée que l’on se fait de soi-même. Cette idée est à la fois personnelle et « teintée du monde environnant » (2). En effet, elle ne dépend pas uniquement de soi. Le jugement, que l'on porte sur soi-même, va être influencé, par exemple, par le regard des autres, par notre humeur, par nos réussites et nos échecs...
Quand l'estime de soi n'est ni trop haute, ni trop basse, et qu'elle reste relativement stable dans le temps, ou selon les différents événements de vie traversés, alors elle permet de :
Se connaître soi-même et se comprendre
Etre bienveillant·e avec soi
Parler positivement de soi
Apprécier les compliments justifiés
Prendre soin de soi
Se mettre en valeur
Etre convaincu·e d’avoir droit au bonheur
Se sentir libre de ses choix
Se sentir capable de prendre des décisions
Oser agir
Faire face aux difficultés et à la nouveauté avec confiance
Persévérer, ou renoncer, sans se sentir humilié·e
Se remettre en question
Se sentir bien avec les autres
Vous sentez-vous à l'aise dans tous ces domaines, ou aimeriez-vous améliorer certains de ces aspects ?
Le manque d’estime de soi : comment cela se manifeste ?
Avant tout, le « manque » d’estime de soi ne s'exprime pas en tout ou rien. Si tel était le cas, cela reviendrait à croire que : soit on a de l'estime de soi, soit on n'en a pas ! En réalité, ce manque peut être plus ou moins important. D'autant qu'il peut concerner un domaine particulier de la vie (au travail, dans sa vie personnelle, avec certaines relations…), ou plusieurs domaines de la vie, voire l'ensemble de sa vie. Il est donc possible de disposer d'une estime de soi satisfaisante dans plusieurs domaines de sa vie, et en même temps, d'une estime plutôt "basse" dans un autre domaine en particulier.
Ce manque d'estime se révèle, alors, à travers nos émotions, nos comportements et nos pensées.
Du point de vue de nos émotions que se passe-t-il ?
Si nous sommes dépourvu·es d'une estime de soi suffisante et stable, alors les émotions désagréables, que nous ressentons face aux difficultés de la vie, ont tendance à être plus intenses, plus fréquentes, et durent plus longtemps.
Confronté·es aux critiques, nous nous sentons mal à l’aise. Nous pouvons, également, être plus facilement stressé·es par des événements de vie même mineurs, et plus facilement perturbé·es par nos échecs.
De quelle manière le manque d'estime de soi nous incite-t-il à nous comporter ?
Dans certaines situations jugées trop difficiles à vivre, ou à dépasser, la tendance naturelle est de préserver le mieux possible son estime de soi, notamment si elle nous fait défaut. Pour ce faire, le comportement choisi de manière privilégiée, en cas de manque d'estime de soi, est de ne pas se confronter aux problèmes redoutés.
Ainsi, un manque d'estime de soi peut amener à éviter les conflits, et à préférer contourner les moments où l'on risque de se sentir dévalorisé·e ou rejeté·e.
Eviter sert donc, a priori, à préserver son estime. Mais éviter empêche aussi d'expérimenter, et donc, d'apprendre à faire face, pour développer ses compétences à gérer les difficultés. Par conséquent, éviter pour préserver son estime de soi, empêche d'étoffer cette même estime ! Plus j'évite, moins je me sens confiant·e.
En quoi notre façon de penser est-elle différente dès lors que nous manquons d'estime de soi ?
Certaines erreurs de pensées sont plus fréquentes :
On peut avoir tendance à se focaliser sur ce qui ne va pas en omettant l’ensemble de la situation, le contexte, et le positif !
On se juge peut-être davantage, en ne prenant aucune distance avec ses défauts, ses erreurs ou ses échecs.
On se compare aux autres, surtout pour se rassurer, ou sinon se dévaloriser, mais pas pour progresser et apprendre.
On porte davantage son attention sur les jugements des autres, voire on essaye d'imaginer ce qu’ils peuvent penser de négatif à notre encontre.
Quelles sont les conséquences d’une estime de soi insuffisante ?
Les répercussions s'étendent à notre bien-être en général, et peuvent prendre différentes formes, comme :
Réaliser ses choix plutôt en fonction de ce que les autres pensent qu’il faut avoir, ou faire, pour être estimé·es, ou selon ce que l’on croit qu’ils pensent.
Se conformer à outrance aux normes, quitte à faire semblant.
Etre dans le contrôle "excessif" de soi en présence d'autres personnes.
Se sentir différent·e des autres, et vulnérable.
Ne pas demander d’aide.
Ne pas exprimer ses besoins.
Ne pas oser dire ce qui est gênant pour soi.
Avoir des difficultés à dire non.
Ne pas supporter que ses valeurs et ses certitudes soient remises en question.
Avoir des difficultés à se remettre en question.
Ne pas parvenir à faire le nécessaire pour se sentir mieux en cas de mal-être.
Ne pas se comporter en accord avec ses valeurs dans les situations complexes.
Avoir le sentiment de ne pas mériter ses succès.
Ne pas oser agir pour ne pas risquer d'échouer.
Comment développer son estime de soi durablement ?
L’estime de soi évolue toute la vie. Elle n'est, d'ailleurs, pas acquise une fois pour toute. Son équilibre est précaire (3). C'est pourquoi, elle s'entretient, et se cultive quotidiennement.
Les principaux ingrédients qui nourrissent l'estime de soi sont :
D'une part, la reconnaissance sociale, c’est-à-dire les signes d’estime qui proviennent des autres, ainsi que les idéaux auxquels on aspire.
D'autre part, nos performances dés lors qu'elles nous permettent de nous sentir « efficaces », et ce, peu importe que nous réussissions plus ou moins, ou que nos actions soient soumises ou non au regard des autres.
Comment les cultiver ? Sur quoi agir ?
Pour prendre soin de son estime de soi au jour le jour, nous pouvons :
Développer notre bienveillance
Il s'agit de faire preuve de bienveillance envers soi et envers les autres, ce qui implique de ne pas juger, ni soi-même ni les autres.
S'entraîner à s'affirmer
Pour cela, apprendre à exprimer ses idées, ses ressentis et ses besoins tout en tenant compte de ceux des autres, de manière à se faire respecter tout en respectant les autres.
Comprendre comment gérer ses émotions
Ce qui revient à savoir repérer ses émotions, identifier le message qu’elles portent, et apporter la réponse la plus appropriée possible.
Expérimenter le plus souvent possible
Pouvoir agir, oser faire, essayer, tester... pour en tirer des leçons et progresser.
A vous de jouer !
Partagez vos commentaires ou vos questions juste ici, sous l'article, ou, si vous préférez, par mail à loeildupsy@gmail.com
Références :
(1) C. André, Imparfaits, libres et heureux, Pratiques de l’estime de soi, Odile Jacob
(2) C. André et F. Lelord, L’estime de soi, s’aimer pour mieux vivre avec les autres, Odile Jacob
(3) M. Fossati, A. Rieker, A. Golay, Thérapie cognitive en groupe de l’estime de soi chez des patients obèses, JTCC, 2004
W. Pasini, Etre sûr de soi, Odile Jacob
F. Fanget, Oser, thérapie de la confiance en soi, Odile Jacob
Comments