C’est un conseil qui tombe quasi systématiquement dès qu’on évoque sa fatigue physique et/ou mentale.
Prendre soin de soi, prendre du temps pour se reposer, s’amuser, se détendre, etc…, le célèbre exemple du masque à oxygène dans l’avion.
Oui c’est bien, mais ça prend l’allure de portes ouvertes qu’on enfonce !
Il est évident que si on se sent fatigué·e, c’est qu’on a besoin de repos d’une façon ou d’une autre.
N’en déplaise aux génies contemporains des solutions toutes faites, quelqu’un qui se retrouve dans cet état n’a besoin de personne pour savoir que le repos lui ferait le plus grand bien. Et ce, quelque soit la forme que prendrait ce repos.
Face à cette répartie, l’argumentaire prend une forme doucement cruelle qui
consiste à expliquer à la personne déjà au bout du rouleau, que c’est parce qu’elle n’a pas réagit suffisamment tôt qu’elle se retrouve dans cet état !
Merci d’enfoncer le clou un peu plus loin ! Surtout en cas d’épuisement c’est-à-dire quand on n’a pas l’énergie pour y faire face. En tous les cas, on aimerait bien mettre ce peu d’énergie sur des choses plus constructives !
Supposer que l’on est responsable de son épuisement par inaction est très souvent faux !! Ou alors, pas si simple que ça !
L’épuisement psychologique qui s’accompagne la plupart du temps d’une sensation de fatigue physique, est issu d'un ensemble complexe d’éléments dans un contexte singulier. Le tout est rarement prévisible. Il le devient dans des situations particulières où on repère des répétitions, et qu’on peut ainsi apprendre à les voir arriver et agir en amont. Et quand bien même, ce n’est pas la règle.
Il existe bien évidemment des personnes qui ont appris à ne pas s’occuper de leurs besoins, ou à qui on n’a pas appris à répondre à leurs besoins. Il y a celles et ceux à qui on a fait croire que c’était de meilleure vertu de se sacrifier. Il y a celles et ceux qui répondent à leurs besoins mais pas de manière adéquate. Il y a toutes ces personnes qui font face la plupart du temps mais qui ne peuvent pas tout le temps à 100%. Parmi elles, il y a celles qui donnent beaucoup, et qui n’ont pas toujours le réseau d’aide suffisant autour d’elles pour recevoir beaucoup aussi.
Et il y a une réalité : nous ne partons pas toutes et tous égaux sur ce terrain, de part notre génétique, notre milieu social, nos modèles, etc… Il y a le contexte aussi qui joue un rôle prédominant.
Il ne s’agit pas ici de donner l’impression que tout nous échappe, et que quoique l’on fasse on ne peut pas agir sur ce qui nous arrive. Il s’agit plutôt d’essayer de remettre les choses dans le bon ordre.
La réalité est subtile et complexe, en partie contrôlable, en partie pas du tout contrôlable ! Tout l’enjeu est de saisir ce qui l’est, ce qui ne l’est pas, ce qui est de mon ressort à l’instant t et comment jongler avec tout ça pour m’en sortir.
Le comprendre permet de mieux réfléchir sur quoi agir et comment.
Sans oublier que recharger ses batteries prend du temps. Les trucs et astuces qui font habituellement du bien, ne fonctionnent pas forcément ! Et c’est normal !
Donc oui, on peut très bien savoir prendre soin de soi, et se sentir épuisé·e.
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