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Avoir l’impression de ne pas vraiment discuter de la même chose


Avez-vous ce sentiment de discuter uniquement de ce sur quoi vous êtes déjà d’accord ? Avez-vous l’impression que votre interlocuteur présuppose fortement que vous êtes d’office totalement en accord avec ce qu’il est en train d’énoncer ?


Je suis instantanément surprise d’avoir à faire à quelqu’un qui, à l'initiative d'une conversation, ne vérifie pas au préalable si je suis ok ou non avec sa vérité.


Alors certes, il y a 99,9%* de chance que je sois en désaccord avec SA vérité, car nous avons chacun NOS vérités propres. Et tout à la fois, il y a 99,9%* de chance que nous soyons d’accord à propos de tous ces petits éléments, sans importance et consensuels, qui truffent nos échanges, les mêmes auxquels on se raccroche la plupart du temps dans les discussions.



Le sujet n’est pas ici de donner un avis, au sens d’un jugement, de réaliser une évaluation du contenu du propos de son interlocuteur. La question posée est pourquoi et comment en arrive-t-on à « dialoguer » à sens unique ?


A vrai dire, dans ces moments particuliers, je me demande toujours quel est le vrai sujet de la conversation, quel est le besoin sous-tendu, et quelle place j’ai envie de prendre dans tout ceci ?


Très souvent, je me demande, à moi-même, intérieurement de faire preuve de patience, d’écouter, en espérant parvenir à saisir à un moment donné ce qui se passe exactement. Mais très souvent également, de manière inconfortable, il semble qu'une situation déséquilibrée en terme d’échanges s'installe, voire l’obligation de valider, de répondre ok, d'acquiescer…


On peut certes décider d’être ok avec ça… mais là on ne décide de rien, on fait avec. Pourquoi pas aussi ! Parfois oui, parfois non. Alors quand c’est non, que se passe-t-il ?


Qu’est-ce qui nous amène à nous engager dans une conversation avec une vérité toute faite que l’on expose, propose, impose sans doute possible sur son contenu ?


Il y a tous ces biais cognitifs, bien plus humains que ne le laisse à penser le seul vocable « cognitif », ces biais qui font que nous projetons sur l’autre ce que nous pensons, ce que nous croyons qu’il pense, etc… etc…


Ce qui m’intéresse ici d’évoquer avec vous, est davantage les enjeux concrets de ces moments.


Des bénéfices attendus ? Etre rassuré·e sur sa propre vision du monde, s’assurer de la connivence de l’autre ? Mais si de toute façon, ce n’est pas ce que l’alter ego pense ou croit, quel est l’intérêt de faire "comme si" ? Questionner serait se mettre en doute, déstabiliser ses propres opinions, choix, pensées ! Du coup, en exagérant, faudrait-il choisir entre : "on ne parle que des sujets avec lesquels on est totalement d’accord" et "on ne parle de rien du tout" ! Les sujets de conversations risquent d’être superficiels ou de parfaits faux semblants.


Ce qui m’importe est d’entendre une vision, une façon de voir consciente qu’il en existe tellement d’autres, respectueuse de ces autres, mais qui a envie à l’instant t de partager ce qui lui arrive à elle, avec une personne qui a un regard bienveillant mais assurément différent.


C’est l’altérité qui est passionnante et qui permet de se rencontrer. Pas de la fuir, l’éviter ou vouloir la contrôler.



* Chiffres annoncés de manière rhétorique


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